Le tableau des Ménines est une oeuvre de propagande,
visant à présenter la future reine d'Espagne,
Marguerite-Thérèse : nous sommes en 1656, le petit infant
Philippe-Prosper ne naîtra que l'année suivante et le
futur mariage de sa soeur aînée,
Marie-Thérèse, qui épousera soit Louis XIV, soit
Léopold Ier, l'empereur du Saint-Empire-Romain-Germanique,
l'élimine déjà de la liste des héritiers de
Philippe IV. La presque-reine est encore petite, mais elle est blonde,
charmante et en bonne santé. On lui a appris à tenir son
rang et à respecter l'étiquette de la cour d'Espagne,
l'une des plus contraignante au monde : elle sait rester debout
plusieurs heures, elle ne rit ou ne sourit pas en public (chose
interdite aux souverains espagnols. Philippe IV n'aurait souri devant
sa cour que deux fois dans sa vie), elle ne regarde que les souverains
ses parents, qui se trouvent à la place du spectateur. Elle est
vêtue à la mode espagnole, c'est à dire qu'elle
porte le traditionnel garde-infante qui doit empêcher
toute personne de la toucher (autre contrainte de l'étiquette :
les serviteurs n'ont pas le droit de toucher les souverains. Les
gouvernantes promenaient les infant(e)s à l'aide d'une longue
manche, la boba).
Velázquez peindra 5 portraits de l'infante Marguerite-Thérèse, sans compter les Ménines :
Premier portrait de Marguerite-Thérèse. Elle est
âgée d'environ 3 ans, le tableau est donc daté de
1654. Il est conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne.
L'année suivante, nouveau portrait. L'infante a quatre ans, nous sommes vers 1655. (Musée du Louvre)
1656. La reine Marie-Anne n'a toujours pas donné
d'héritier mâle à Philippe IV. L'infante
Marie-Thérèse a 5 ans, elle est en bonne santé et
il est très vraisemblable qu'elle héritera de l'Espagne.
Cette année là, elle est portraiturée à
deux reprises par Velázquez : il peint le portrait ci-dessus et les Ménines. (Vienne, Kunsthistorishes Museum).
En 1657 naît le petit Philippe-Prosper. La blonde infante n'est
plus la future reine d'Espagne. Elle n'est pas peinte pendant deux ans.
En 1659, la cour d'Espagne offre à la Cour de Vienne un portrait
de l'infant Philippe-Prosper et un autre de sa soeur aînée
: Marguerite-Thérèse a maintenant 8 ans, et il faudra
bientôt songer à la marier et l'Autriche a un
prétendant : Léopold Ier, oncle de l'infante.
Dernier portrait de Marguerite-Thérèse par Velázquez.
Nous sommes en 1660, la fillette de 9 ans ne sera vraisemblablement pas
reine d'Espagne : son frère Philippe-Prosper s'accroche à
la vie et la reine Marie-Anne aura sûrement d'autres fils.
(Effectivement, Charles II, né en 1661, sera le dernier
Habsbourg roi d'Espagne.) Velázquez meurt cette année-là.
(Le tableau, conservé au musée du Prado, aurait
été terminé par un de ses élèves.)
Marguerite-Thérèse épousera en 1666 son oncle,
Léopold Ier, et sera brièvement impératrice de
Saint-Empire-Romain-Germanique, jusqu'à sa mort en 1673,
à l'âge de 22 ans. Sa fille unique, Marie-Antoinette
d'Autriche, née en 1669, deviendra duchesse de Bavière.
Voilà, c'est la fin de mon petit exposé sur l'infante Marguerite-Thérèse des Ménines.
Dans mon prochain billet, je parlerai, un peu plus brièvement,
je pense, de ses parents, qui sont aussi représentés sur
le plus curieux tableau du Musée du Prado de Madrid.
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