J'ai presque terminé ce cycle sur les Ménines,
de Velázquez. Ce billet est en fait le dernier concernant le
tableau lui-même. Il présente les décors et les
autres personnages présents sur le tableau de Velázquez.
Mais pour commencer, un petit rappel du tableau est utile...
Les lieux des Ménines ne sont pas anodins. Les souverains
d'Espagne sont peints par Velázquez dans l'ancien appartement du fils
aîné de Philippe IV, Balthazar Carlos, au palais de
l'Alcazar, à Madrid. L'héritière du royaume,
l'infante Marguerite-Thérèse, est donc
représentée là où vivait son
demi-frère, qui était lui aussi destiné au
trône avant sa mort. Les tableaux accrochés au mur sont
des œuvres de Jordaens et de Rubens. Ils ont été identifiés.
La pièce étant située au sud, les volets sont
fermés pour qu'il n'y fasse pas trop chaud. L’œuvre
possède trois sources lumineuses : la fenêtre, à
droite, la porte, au fond, et le miroir où se reflètent
Philippe IV et Marianne d'Autriche. Cet éclairage est
très moderne : à l'époque de Velázquez, les
peintres ne peignaient généralement que dans des
pièces exposées au nord, et la lumière de leurs
tableaux, issue d'une seule source, ne provenait que de la gauche.
L'homme dans l'embrasure de la porte est un membre de la maison de la
Reine, le responsable de la garde-robe. Il s'appelle Nieto Velazquez.
La none se nomme Marcela de Ulloa. La religion était très
importante à la cour espagnole. L'homme avec qui elle converse
n'a pas été identifié, sans doute à cause
de l'ombre sur son visage.
Des radiographies ont révélé qu'à la place
de son chevalet, Velázquez avait peint initialement la fille
aînée du roi, l'infante Marie-Thérèse. Elle
aurait été supprimée en raison de son mariage avec
Louis XIV, qui la privait de ses droits sur la couronne d'Espagne, et
remplacée par Velázquez lui-même, qui, ainsi, grâce
à son art, gagnait le droit de se placer parmi les plus grands
personnages de l'Espagne. Grand peintre, il était aussi un
excellent courtisan : il occupait la fonction de grand maréchal
du palais, ce qui l'amenait à assumer aussi des tâches
"inférieures" : s'occuper des draps du roi, des sacs de paille
des soldats, faire transporter du bois pour le chauffage de la cour...
Trois ans après avoir peint les Ménines,
et après une longue procédure, il fut admis à
devenir un chevalier de l'ordre de Santiago et retoucha alors le
tableau pour montrer son prestigieux titre : il rajouta la croix rouge
que l'on peut voir sur son pourpoint.
Deux précisions, enfin, avant de terminer cette étude des Ménines : jusqu'au XIXe siècle, ce tableau était connu sous le nom de La Famille
(de Philippe IV). Velázquez fut très admiré par les
artistes du XIXe siècle, qui le sortirent de l'oubli où
il était peu à peu tombé. Manet le surnommait le "peintre des peintres". La Famille, qui était sans doute le tableau le plus extraordinaire de l'artiste, fut débaptisé et devint "les Ménines", titre qui a subsisté jusqu'à ce jour.
De même, Velasquez s'écrit aujourd'hui Velázquez.
Cependant, il signait lui-même Velasquez (voir la signature d'un
de ses tableaux, dans le billet La vie de Velázquez en dates).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire