mercredi 28 décembre 2011

Le décor et les personnages secondaires


J'ai presque terminé ce cycle sur les Ménines, de Velázquez. Ce billet est en fait le dernier concernant le tableau lui-même. Il présente les décors et les autres personnages présents sur le tableau de Velázquez.

Mais pour commencer, un petit rappel du tableau est utile...

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Les lieux des Ménines ne sont pas anodins. Les souverains d'Espagne sont peints par Velázquez dans l'ancien appartement du fils aîné de Philippe IV, Balthazar Carlos, au palais de l'Alcazar, à Madrid. L'héritière du royaume, l'infante Marguerite-Thérèse, est donc représentée là où vivait son demi-frère, qui était lui aussi destiné au trône avant sa mort. Les tableaux accrochés au mur sont des œuvres de Jordaens et de Rubens. Ils ont été identifiés.

La pièce étant située au sud, les volets sont fermés pour qu'il n'y fasse pas trop chaud. L’œuvre possède trois sources lumineuses : la fenêtre, à droite, la porte, au fond, et le miroir où se reflètent Philippe IV et Marianne d'Autriche. Cet éclairage est très moderne : à l'époque de Velázquez, les peintres ne peignaient généralement que dans des pièces exposées au nord, et la lumière de leurs tableaux, issue d'une seule source, ne provenait que de la gauche.

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L'homme dans l'embrasure de la porte est un membre de la maison de la Reine, le responsable de la garde-robe. Il s'appelle Nieto Velazquez. La none se nomme Marcela de Ulloa. La religion était très importante à la cour espagnole. L'homme avec qui elle converse n'a pas été identifié, sans doute à cause de l'ombre sur son visage.

Des radiographies ont révélé qu'à la place de son chevalet, Velázquez avait peint initialement la fille aînée du roi, l'infante Marie-Thérèse. Elle aurait été supprimée en raison de son mariage avec Louis XIV, qui la privait de ses droits sur la couronne d'Espagne, et remplacée par Velázquez lui-même, qui, ainsi, grâce à son art, gagnait le droit de se placer parmi les plus grands personnages de l'Espagne. Grand peintre, il était aussi un excellent courtisan : il occupait la fonction de grand maréchal du palais, ce qui l'amenait à assumer aussi des tâches "inférieures" : s'occuper des draps du roi, des sacs de paille des soldats, faire transporter du bois pour le chauffage de la cour... Trois ans après avoir peint les Ménines, et après une longue procédure, il fut admis à devenir un chevalier de l'ordre de Santiago et retoucha alors le tableau pour montrer son prestigieux titre : il rajouta la croix rouge que l'on peut voir sur son pourpoint.

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Deux précisions, enfin, avant de terminer cette étude des Ménines : jusqu'au XIXe siècle, ce tableau était connu sous le nom de La Famille (de Philippe IV). Velázquez fut très admiré par les artistes du XIXe siècle, qui le sortirent de l'oubli où il était peu à peu tombé. Manet le surnommait le "peintre des peintres". La Famille, qui était sans doute le tableau le plus extraordinaire de l'artiste, fut débaptisé et devint "les Ménines", titre qui a subsisté jusqu'à ce jour.

De même, Velasquez s'écrit aujourd'hui Velázquez. Cependant, il signait lui-même Velasquez (voir la signature d'un de ses tableaux, dans le billet La vie de Velázquez en dates).

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